18 juillet 2020
Vidéo : Aquarelle Reine-Marie Pinchon 2020
17 juillet 2020
Etats-Unis : le coronavirus revèle les failles du système hospitalier
Le système de santé se porte mal aux États-Unis, un des pays les plus touchés par la crise du Covid-19. Les hôpitaux pourraient perdre
plus de 320 milliards de dollars cette année. Paradoxe: alors que
certains sont débordés dans les zones où la pandémie sévit, d’autres établissements
font pénalisés par le manque de patients. Par Ariane Gaffuri.
La flambée des cas de coronavirus continue aux États-Unis. Le pays, le plus endeuillé du monde,devant le Brésil et l’Inde, avec plus de 131 521 morts, a franchi le cap des 3 millions de personnes contaminées par le coronavirus : 3 009 611, selon le dernier bilan de l’Université Johns Hopkins de ce mercredi 8 juillet. Entre les hôpitaux saturés dans les États les plus touchés par le Covid-19, comme le Texas, l’Arizona, la Floride, et ceux des zones moins éprouvées, qui manquent de patients, le système hospitalier est mis à rude épreuve. Il pourrait perdre plus de 320 milliards de dollars en 2020, selon l’American Hospital Association.
Un nombre de patients en déclin dans certaines zones
Le coronavirus a aggravé une situation qui était déjà détériorée. « Avant la pandémie, les hôpitaux aux États-Unis avaient déjà des problèmes de remboursement de soins et un nombre de patients en déclin. Quarante-deux d’entre eux ont dû fermer ou déposer le bilan », affirme Meghan Fitzgerald, professeur à l’université Colombia Mailman pour la santé publique à New-York. Avec le coronavirus, 100 nouveaux hôpitaux ont fermé leurs portes. « C’est parce qu’ils ont dû annuler les chirurgies non urgentes », comme les chirurgies du genou, de la hanche ou du cœur qui représentent 48 % de leurs revenus.
Parallèlement, le gouvernent a demandé aux hôpitaux de se concentrer sur l’accueil de patients atteints du Covid-19. « Il leur a fallu investir massivement en équipements, médicaments et en personnel » pour se préparer à accueillir ces malades. « Donc vous avez à la fois des revenus en baisse et des dépenses en hausse. Un cocktail dangereux », poursuit Meghan Fitzgerald. Même la célèbre Mayo Clinic qui rassemble 23 hôpitaux ou centres de recherches sur le territoire risque de perdre, à elle seule, 3 milliards de dollars en 2020.« Le problème, c’est, qu’à l’exception de New York ou des villes éprouvées par le virus, la montée en flèche de la pandémie n’a pas eu lieu. Les patients ne sont pas venus et les hôpitaux se sont retrouvés sans activité. »
Entre mars et mai donc, il y a eu entre 40% et 70% de patients en moins dans les hôpitaux. « Il y a aussi le fait que de nombreux patients évitent les hôpitaux de peur de contracter le virus. Entre les hôpitaux qui n’ont plus assez de patients, ceux qui sont submergés, tout cela conjugué est un véritable séisme pour les hôpitaux sur le plan financier », souligne Andy Miller, rédacteur en chef du site d’information indépendant Georgia Health News, spécialisé dans la santé.
Dépenses de santé en hausse depuis 2018
Les dépenses de santé de la première puissance mondiale sont en hausse. Elles ont atteint 3,6 milliards de dollars en 2018, soit plus de 11 000 dollars par personne. Ces dépenses représentent 17,7 % du produit intérieur brut, selon les CMS, Centers for Medicare et Medicaid Services, l’équivalent aux USA de la sécu en France.
Il y a, au total, 6 140 hôpitaux aux États-Unis, et 328 millions d’habitants. Plus de 5 000 sont des hôpitaux communautaires de plus de 900 000 lits. 965 sont des structures fédérales. Les 142 hôpitaux à l’arrêt ou en redressement judiciaire, évoqués par Meghan Fitzgerald, représentent un peu plus de 2% d’entre eux.
Les plus vulnérables sont les hôpitaux des régions rurales. Ils ont perdu 50 milliards de dollars chaque mois, selon l’American Hospital Association. Leur fermeture éventuelle serait « catastrophique » pour leurs habitants, sachant qu’ils ont déjà du mal à accéder aux soins.
Dans ce contexte, les personnels hospitaliers, qui comme ailleurs dans le monde ont été applaudit avec ferveur pour leur courage au plus fort de la crise, ont été mis à l’arrêt aussi. 134 000 d’entre eux ont perdu leur travail en avril par exemple.
Des hôpitaux saturés dans les zones éprouvées par le virus
Après une stabilisation de la pandémie sur la côte Est, notamment à New York, le pays connaît depuis quelques semaines une explosion des infections dans le Sud et l'Ouest. Avec plus de 60 000 nouveaux cas en 24 heures, les hôpitaux dans ces régions sont pour certains arrivés à saturation, et risquent de ne plus pouvoir accueillir de patients.
« Le risque lorsque les hôpitaux sont saturés, c’est que nous devons mettre en place des normes de soins de crise : nous devons trier et rationner les ressources rares comme les lits de soins intensifs, les ventilateurs… Et nous tenons à éviter cela, explique le Dr. Thomas Tsaï, chirurgien à Boston, dans le Massachussetts et Assistant professeur pour le Département des politiques et de la gestion de la santé à Havard. Mais vu la rapidité avec laquelle le virus se propage dans certaines zones, il faudra peut-être recourir à ce type de prise en charge de crise. »
Un système de santé globalement fragile
Ces hôpitaux bondés doivent s’approvisionner en masques, gants, lunettes de protection, en ventilateurs, et autres équipements qui se raréfient et sont très coûteux. Ils doivent aussi soigner des patients qui n’ont pas toujours de couverture sociale. Contrairement à la France, il n'existe pas de sécurité sociale universelle ou garantie. La santé est décentralisée et le système ne couvre pas l'ensemble de la population.
Les hôpitaux sont financés par les revenus des soins des patients, soins qui sont remboursés par les compagnies d’assurance. « Certaines compagnies sont publiques, comme Medicare or Medicaid, d’autres sont des assurances privées contractées par les employeurs ou par les individus à titre personnel. Les hôpitaux ne sont pas financés directement par le gouvernement à moins qu’ils ne soient publics », indique le Dr. Thomas Tsaï.
« Un des plus grands problèmes du système de santé américain c’est qu’il y des millions de gens qui n’ont pas d’assurance santé, dit Andy Miller. Lorsque ces personnes qui ont des revenus très bas, vont à l’hôpital pour se faire soigner du coronavirus, elles n’ont pas les moyens de payer des soins qui coûtent parfois des milliers de dollars. C’est le cas à Altanta et ailleurs. Dans l’État de Georgie, 30 % de la population n’a pas de sécurité sociale. Ce sont des revenus en moins pour les hôpitaux. »
Pour ne rien arranger, le système d’assurance santé s’est détérioré sous l’administration Trump. « Nous avions fait des progrès pour mieux protéger les patients grâce à l’Obamacare, la Loi sur la Protection des Patients et les Soins Abordables, mais ces progrès ont ralenti ces dernières années et de moins en moins de gens sont assurés, regrette Thomas Tsaï. Et quand l’assurance est reliée à l’emploi, si vous perdez votre travail, comme cela a été le cas ces derniers mois pour un grand nombre de personnes, vous perdez aussi votre assurance maladie et vous n’êtes plus couvert. C’est une double peine. »
«Une gouvernance défaillante»
Le gouvernement est venu au secours des hôpitaux, soit par des aides directes, soit au travers de plans d’aide aux entreprises, comme le PPP, le Pay Check Protection Programme, des prêts d’environ 5 millions de dollars, transformables en subventions, si l’entreprise maintient les trois quarts des emplois.
Pour Andy Miller, ce n’est pas là où le bât blesse. « Le gouvernent a aidé financièrement [ … ], donc ce n’est pas le problème. C’est un problème de message. Comme le dit l’immunologiste Antony Faucy, nous sommes dans la première phase de l’épidémie. Il faut qu’il y ait un message fort. Il faut que les gens respectent la distanciation sociale, portent des masques, se lavent les mains dans les restaurants, les discothèques, etc. ». Quitte à « peut-être imposer des restrictions plus fermes » pour obliger les plus récalcitrants à la vigilance.
« Cela me navre de constater que nous avons de plus en plus de cas de Covid-19 alors que le monde en a de moins en moins », déplore Andy Miller, patron du journal Georgia Heatlh News.
« De nombreux experts de santé publique pensent que le gouvernement fédéral n’a pas été capable de mettre en place une stratégie cohérente pour prévenir et gérer la pandémie », dénonce Thomas Thaï. Au lieu d’adopter une approche unifiée de la crise, de mutualiser l’approvisionnement des équipements, des tests de dépistage à l’échelle nationale, « le gouvernement a créé un système de gestion en patchwork ». Par conséquent, la pandémie se répand dans les 50 États du pays et une multitude de comtés avec une intensité et une prise en charge différente. « On ne peut pas, dans ces conditions, répondre à la crise de façon cohérente. »
Du coup, conclut-il, les élus locaux, les gouverneurs et les maires sont montés au créneau justement pour pallier à ce manque de gouvernance au niveau fédéral.
Légende photo :
Le Lieutenant Natasha McClinton, infirmière en chirurgie, prépare un patient aux service de soins intensifs, à bord de l'hôpital du navire américain USNS Comfort. (Droit d'auteur : Wikipedia/ Domaine public)
La flambée des cas de coronavirus continue aux États-Unis. Le pays, le plus endeuillé du monde,devant le Brésil et l’Inde, avec plus de 131 521 morts, a franchi le cap des 3 millions de personnes contaminées par le coronavirus : 3 009 611, selon le dernier bilan de l’Université Johns Hopkins de ce mercredi 8 juillet. Entre les hôpitaux saturés dans les États les plus touchés par le Covid-19, comme le Texas, l’Arizona, la Floride, et ceux des zones moins éprouvées, qui manquent de patients, le système hospitalier est mis à rude épreuve. Il pourrait perdre plus de 320 milliards de dollars en 2020, selon l’American Hospital Association.
Un nombre de patients en déclin dans certaines zones
Le coronavirus a aggravé une situation qui était déjà détériorée. « Avant la pandémie, les hôpitaux aux États-Unis avaient déjà des problèmes de remboursement de soins et un nombre de patients en déclin. Quarante-deux d’entre eux ont dû fermer ou déposer le bilan », affirme Meghan Fitzgerald, professeur à l’université Colombia Mailman pour la santé publique à New-York. Avec le coronavirus, 100 nouveaux hôpitaux ont fermé leurs portes. « C’est parce qu’ils ont dû annuler les chirurgies non urgentes », comme les chirurgies du genou, de la hanche ou du cœur qui représentent 48 % de leurs revenus.
Parallèlement, le gouvernent a demandé aux hôpitaux de se concentrer sur l’accueil de patients atteints du Covid-19. « Il leur a fallu investir massivement en équipements, médicaments et en personnel » pour se préparer à accueillir ces malades. « Donc vous avez à la fois des revenus en baisse et des dépenses en hausse. Un cocktail dangereux », poursuit Meghan Fitzgerald. Même la célèbre Mayo Clinic qui rassemble 23 hôpitaux ou centres de recherches sur le territoire risque de perdre, à elle seule, 3 milliards de dollars en 2020.« Le problème, c’est, qu’à l’exception de New York ou des villes éprouvées par le virus, la montée en flèche de la pandémie n’a pas eu lieu. Les patients ne sont pas venus et les hôpitaux se sont retrouvés sans activité. »
Entre mars et mai donc, il y a eu entre 40% et 70% de patients en moins dans les hôpitaux. « Il y a aussi le fait que de nombreux patients évitent les hôpitaux de peur de contracter le virus. Entre les hôpitaux qui n’ont plus assez de patients, ceux qui sont submergés, tout cela conjugué est un véritable séisme pour les hôpitaux sur le plan financier », souligne Andy Miller, rédacteur en chef du site d’information indépendant Georgia Health News, spécialisé dans la santé.
Dépenses de santé en hausse depuis 2018
Les dépenses de santé de la première puissance mondiale sont en hausse. Elles ont atteint 3,6 milliards de dollars en 2018, soit plus de 11 000 dollars par personne. Ces dépenses représentent 17,7 % du produit intérieur brut, selon les CMS, Centers for Medicare et Medicaid Services, l’équivalent aux USA de la sécu en France.
Il y a, au total, 6 140 hôpitaux aux États-Unis, et 328 millions d’habitants. Plus de 5 000 sont des hôpitaux communautaires de plus de 900 000 lits. 965 sont des structures fédérales. Les 142 hôpitaux à l’arrêt ou en redressement judiciaire, évoqués par Meghan Fitzgerald, représentent un peu plus de 2% d’entre eux.
Les plus vulnérables sont les hôpitaux des régions rurales. Ils ont perdu 50 milliards de dollars chaque mois, selon l’American Hospital Association. Leur fermeture éventuelle serait « catastrophique » pour leurs habitants, sachant qu’ils ont déjà du mal à accéder aux soins.
Dans ce contexte, les personnels hospitaliers, qui comme ailleurs dans le monde ont été applaudit avec ferveur pour leur courage au plus fort de la crise, ont été mis à l’arrêt aussi. 134 000 d’entre eux ont perdu leur travail en avril par exemple.
Des hôpitaux saturés dans les zones éprouvées par le virus
Après une stabilisation de la pandémie sur la côte Est, notamment à New York, le pays connaît depuis quelques semaines une explosion des infections dans le Sud et l'Ouest. Avec plus de 60 000 nouveaux cas en 24 heures, les hôpitaux dans ces régions sont pour certains arrivés à saturation, et risquent de ne plus pouvoir accueillir de patients.
« Le risque lorsque les hôpitaux sont saturés, c’est que nous devons mettre en place des normes de soins de crise : nous devons trier et rationner les ressources rares comme les lits de soins intensifs, les ventilateurs… Et nous tenons à éviter cela, explique le Dr. Thomas Tsaï, chirurgien à Boston, dans le Massachussetts et Assistant professeur pour le Département des politiques et de la gestion de la santé à Havard. Mais vu la rapidité avec laquelle le virus se propage dans certaines zones, il faudra peut-être recourir à ce type de prise en charge de crise. »
Un système de santé globalement fragile
Ces hôpitaux bondés doivent s’approvisionner en masques, gants, lunettes de protection, en ventilateurs, et autres équipements qui se raréfient et sont très coûteux. Ils doivent aussi soigner des patients qui n’ont pas toujours de couverture sociale. Contrairement à la France, il n'existe pas de sécurité sociale universelle ou garantie. La santé est décentralisée et le système ne couvre pas l'ensemble de la population.
Les hôpitaux sont financés par les revenus des soins des patients, soins qui sont remboursés par les compagnies d’assurance. « Certaines compagnies sont publiques, comme Medicare or Medicaid, d’autres sont des assurances privées contractées par les employeurs ou par les individus à titre personnel. Les hôpitaux ne sont pas financés directement par le gouvernement à moins qu’ils ne soient publics », indique le Dr. Thomas Tsaï.
« Un des plus grands problèmes du système de santé américain c’est qu’il y des millions de gens qui n’ont pas d’assurance santé, dit Andy Miller. Lorsque ces personnes qui ont des revenus très bas, vont à l’hôpital pour se faire soigner du coronavirus, elles n’ont pas les moyens de payer des soins qui coûtent parfois des milliers de dollars. C’est le cas à Altanta et ailleurs. Dans l’État de Georgie, 30 % de la population n’a pas de sécurité sociale. Ce sont des revenus en moins pour les hôpitaux. »
Pour ne rien arranger, le système d’assurance santé s’est détérioré sous l’administration Trump. « Nous avions fait des progrès pour mieux protéger les patients grâce à l’Obamacare, la Loi sur la Protection des Patients et les Soins Abordables, mais ces progrès ont ralenti ces dernières années et de moins en moins de gens sont assurés, regrette Thomas Tsaï. Et quand l’assurance est reliée à l’emploi, si vous perdez votre travail, comme cela a été le cas ces derniers mois pour un grand nombre de personnes, vous perdez aussi votre assurance maladie et vous n’êtes plus couvert. C’est une double peine. »
«Une gouvernance défaillante»
Le gouvernement est venu au secours des hôpitaux, soit par des aides directes, soit au travers de plans d’aide aux entreprises, comme le PPP, le Pay Check Protection Programme, des prêts d’environ 5 millions de dollars, transformables en subventions, si l’entreprise maintient les trois quarts des emplois.
Pour Andy Miller, ce n’est pas là où le bât blesse. « Le gouvernent a aidé financièrement [ … ], donc ce n’est pas le problème. C’est un problème de message. Comme le dit l’immunologiste Antony Faucy, nous sommes dans la première phase de l’épidémie. Il faut qu’il y ait un message fort. Il faut que les gens respectent la distanciation sociale, portent des masques, se lavent les mains dans les restaurants, les discothèques, etc. ». Quitte à « peut-être imposer des restrictions plus fermes » pour obliger les plus récalcitrants à la vigilance.
« Cela me navre de constater que nous avons de plus en plus de cas de Covid-19 alors que le monde en a de moins en moins », déplore Andy Miller, patron du journal Georgia Heatlh News.
« De nombreux experts de santé publique pensent que le gouvernement fédéral n’a pas été capable de mettre en place une stratégie cohérente pour prévenir et gérer la pandémie », dénonce Thomas Thaï. Au lieu d’adopter une approche unifiée de la crise, de mutualiser l’approvisionnement des équipements, des tests de dépistage à l’échelle nationale, « le gouvernement a créé un système de gestion en patchwork ». Par conséquent, la pandémie se répand dans les 50 États du pays et une multitude de comtés avec une intensité et une prise en charge différente. « On ne peut pas, dans ces conditions, répondre à la crise de façon cohérente. »
Du coup, conclut-il, les élus locaux, les gouverneurs et les maires sont montés au créneau justement pour pallier à ce manque de gouvernance au niveau fédéral.
Légende photo :
Le Lieutenant Natasha McClinton, infirmière en chirurgie, prépare un patient aux service de soins intensifs, à bord de l'hôpital du navire américain USNS Comfort. (Droit d'auteur : Wikipedia/ Domaine public)
Coronavirus : les guides-conférenciers en France oubliés de la crise
En France, les professionnels du tourisme, de l’événementiel et de la culture, dont les activités se sont arrêtées brutalement à cause du coronavirus, se sont mobilisés lundi 22 juin 2020 dans plusieurs villes de France pour alerter sur la précarité de leur conditions de travail et demander le soutien de l’Etat. Et ce n'est que le début des actions.
Les « quasi invisibles ». Voilà comment se qualifient les intermittents « hors-spectacle » ou auto-entrepreneurs du tourisme, de l’événementiel et de la culture. « Quasi invisibles » et en grande difficulté économique, depuis l’arrêt de leurs activités le 15 mars 2020, à cause du coronavirus. Guide-conférenciers, chargés de projets logistique ou production, hôtesses, régisseurs, coordinateurs et animateurs d’événements, « extras » de la restauration, ces précaires, qui ne font pas partis des intermittents du spectacle, sont sortis de l’ombre ce lundi. Ils se sont mobilisés dans douze villes (Paris, Versailles, Lyon, Toulouse, Nantes, Rennes, Carcassonne, Avignon, Mont Saint-Michel, Nice, Cannes, Marseille), à l’appel de la FMITEC, la Fédération des métiers intermittents tourisme événementiel culture. Créée en mars en plein confinement, l’association alerte sur l’effondrement des activités de plus de 10 000 professionnels aux perspectives sombres pour le tourisme.
1,3 milliard d'euros de pertes mensuelles
Selon la Direction générale des entreprises, la perte d’exploitation mensuelle du secteur est estimée à 1,3 milliard d’euros, malgré les mesures d’aides gouvernementales. Les vols internationaux à destination de la France ont chuté en moyenne de 80%, alors que le pays est habituellement le plus visité au monde, avec plus de 89 millions de touristes par an (chiffres de 2018). En France et l’échelle mondiale, le tourisme souffre. Globalement, il a perdu 80 milliards de dollars au premier trimestre et risque de perdre plus de 1 000 milliards de dollars, selon l’OMT, l’organisation mondiale du tourisme.
Avions cloués au sol, hôtels désertés, restaurants, mais aussi musées, sites touristes fermés. Personne n’a été épargné. « En mars, avec la crise du Covid-19, on a eu d’un coup 100 % de perte d’activité, sans aucune visibilité de travail pour l’avenir, au moins jusqu’au printemps 2021, en étant optimiste. Du jour au lendemain, les agendas se sont vidés entièrement, avec des annulations en cascade. Cela a révélé la fragilité et l’absence de protection de nos statuts », alerte Barbara Fronda, porte-parole de la FMITEC. « Avant, si on avait une annulation, on rebondissait sur un autre événement. Là, tout s’est arrêté et l’est encore. Nous plongeons dans une précarité alarmante. Nous n’avons que des micros contrats, des contrats courts. Quelqu’un qui est dans l’hôtellerie ou la restauration peut basculer vers un CDI, un contrat à durée indéterminée, nous ce n’est pas possible. »
Les guides-conférenciers « quasi invisibles »
Une situation vécue par de nombreux guides-conférenciers. « 50% des 6 000 guides-conférenciers travaillent en contrats courts, en CDD, contrat à durée déterminée, ou CDDU, contrat à durée déterminée d’usage », souligne Camille Perrière, membre fondateur du SPGIC, le syndicat professionnel des guides interprètes conférenciers, présente au rassemblement organisé par la FMITEC, place du Trocadéro à Paris. « Les guides-conférenciers doivent avoir droit au chômage partiel, mais certains de leurs employeurs le leur refuse », déplore-t-elle. Lancé par l’Etat au plus fort de la pandémie pour éviter des licenciements massifs, le chômage partiel permet aux entreprises du privé qui ont arrêté ou réduit leurs activités, de payer leurs salariés à 80% de leur rémunération ou à 100% pour ceux qui touchent le smic, soit 1 539,42 euros brut par mois. Des rémunérations remboursées par l’Etat. Au total 7,8 millions de salariés bénéficiaient encore de ce dispositif en mai, selon le ministère du Travail. Dispositif qui a évolué depuis le 1er juillet vers un retour progressif à la normale.
Année blanche
Sans chômage partiel technique, ces professionnels sont aux abois. Certains perçoivent encore des indemnités chômage qui arrivent à échéance. D’autres bénéficient du RSA, le revenu de solidarité active, soit quelque 550 euros par mois pour une personne seule. La nouvelle règlementation sur l’assurance chômage applicable au 1er septembre, inquiète. « Avec la nouvelle loi sur le chômage, il faut avoir travaillé 910 heures pour bénéficier d’un renouvellement des droits. Mais, il n’y a pas été possible de travailler. Et cela ne le sera pas avant, peut-être, mai 2021 », explique Camille Perrière. « Il y a des touristes en France, mais cela ne suffira pas parce que 80% des guides travaillent en langue étrangère, les étrangers ne vont pas être nombreux à venir. Quand on parle aux guides, ils vous disent : "j’ai plus rien" ou "je ne vais plus rien avoir dans deux, trois mois". J’ai même entendu une personne dire qu’elle est partie chez ses parents parce qu’elle ne pouvait pas payer son loyer ! C’est pour cela qu’on manifeste pour faire pression pour obtenir une année blanche. »
« Je suis en colère », dit Cécile, une guide-conférencière de 41 ans qui s’est mobilisée à Paris. Pour le moment, elle touche des indemnités chômage, mais arrive en fin de droits. Sa principale agence, qu’elle souhaite ne pas nommer, lui a refusé le chômage partiel : « Je comprends le manque de trésorerie. C’est sûr que ce n’est pas évident de payer tous les salaires, mais l’Etat donne des millions d’euros pour aider les entreprises et les entreprises ne jouent pas le jeu. Ce n’est pas normal. J’ai des collègues qui sont au RSA et sont âgés de 50 ans, allez chercher du travail là en pleine récession économique ! Il y a énormément de gens comme nous, tous les gens de l’événementiel, de la culture, tous ceux qui sont intermittents de fait puisque nous travaillons tous en discontinu tout le temps. »
Demande de l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage
Les employés du secteur sont actuellement en négociation avec ces agences récalcitrantes. C’est pourquoi ils jouent la discrétion. L’action de la FMITEC était « symbolique, destinée à montrer qu’on existe, que ces métiers sont importants pour l’économie d’une ville », défend Barbara Fronda. « A chaque fois qu’il y a un congrès par exemple, qui peut rassembler de 50 personnes à 100 000 personnes, on génère un mouvement, des gens viennent et achètent. Il faut nous aider ».
La Fédération, à l’instar d’autres organisations de défense des métiers du tourisme, de l’événementiel et de la culture, demande l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage applicable au 1er septembre 2020. Elle plaide également pour la prolongation des droits Pôle emploi jusqu’en avril 2021, comme pour les intermittents du spectacle, et l’extension du fond de solidarité aux métiers auto-entrepreneurs et sa prolongation jusqu’en avril 2021.
Les quasi invisibles bien en vue
Les représentants des professionnels du tourisme n’ont pas dit leur dernier mot. De nouvelles actions, des "flashmob" comme ils les appellent, continueront, devant l’Assemblée nationale, le musée d’Orsay, la Tour Eiffel, ou encore la pyramide du Louvre, à l’appel des syndicats du secteurs.
Les « quasi invisibles ». Voilà comment se qualifient les intermittents « hors-spectacle » ou auto-entrepreneurs du tourisme, de l’événementiel et de la culture. « Quasi invisibles » et en grande difficulté économique, depuis l’arrêt de leurs activités le 15 mars 2020, à cause du coronavirus. Guide-conférenciers, chargés de projets logistique ou production, hôtesses, régisseurs, coordinateurs et animateurs d’événements, « extras » de la restauration, ces précaires, qui ne font pas partis des intermittents du spectacle, sont sortis de l’ombre ce lundi. Ils se sont mobilisés dans douze villes (Paris, Versailles, Lyon, Toulouse, Nantes, Rennes, Carcassonne, Avignon, Mont Saint-Michel, Nice, Cannes, Marseille), à l’appel de la FMITEC, la Fédération des métiers intermittents tourisme événementiel culture. Créée en mars en plein confinement, l’association alerte sur l’effondrement des activités de plus de 10 000 professionnels aux perspectives sombres pour le tourisme.
1,3 milliard d'euros de pertes mensuelles
Selon la Direction générale des entreprises, la perte d’exploitation mensuelle du secteur est estimée à 1,3 milliard d’euros, malgré les mesures d’aides gouvernementales. Les vols internationaux à destination de la France ont chuté en moyenne de 80%, alors que le pays est habituellement le plus visité au monde, avec plus de 89 millions de touristes par an (chiffres de 2018). En France et l’échelle mondiale, le tourisme souffre. Globalement, il a perdu 80 milliards de dollars au premier trimestre et risque de perdre plus de 1 000 milliards de dollars, selon l’OMT, l’organisation mondiale du tourisme.
Avions cloués au sol, hôtels désertés, restaurants, mais aussi musées, sites touristes fermés. Personne n’a été épargné. « En mars, avec la crise du Covid-19, on a eu d’un coup 100 % de perte d’activité, sans aucune visibilité de travail pour l’avenir, au moins jusqu’au printemps 2021, en étant optimiste. Du jour au lendemain, les agendas se sont vidés entièrement, avec des annulations en cascade. Cela a révélé la fragilité et l’absence de protection de nos statuts », alerte Barbara Fronda, porte-parole de la FMITEC. « Avant, si on avait une annulation, on rebondissait sur un autre événement. Là, tout s’est arrêté et l’est encore. Nous plongeons dans une précarité alarmante. Nous n’avons que des micros contrats, des contrats courts. Quelqu’un qui est dans l’hôtellerie ou la restauration peut basculer vers un CDI, un contrat à durée indéterminée, nous ce n’est pas possible. »
Les guides-conférenciers « quasi invisibles »
Une situation vécue par de nombreux guides-conférenciers. « 50% des 6 000 guides-conférenciers travaillent en contrats courts, en CDD, contrat à durée déterminée, ou CDDU, contrat à durée déterminée d’usage », souligne Camille Perrière, membre fondateur du SPGIC, le syndicat professionnel des guides interprètes conférenciers, présente au rassemblement organisé par la FMITEC, place du Trocadéro à Paris. « Les guides-conférenciers doivent avoir droit au chômage partiel, mais certains de leurs employeurs le leur refuse », déplore-t-elle. Lancé par l’Etat au plus fort de la pandémie pour éviter des licenciements massifs, le chômage partiel permet aux entreprises du privé qui ont arrêté ou réduit leurs activités, de payer leurs salariés à 80% de leur rémunération ou à 100% pour ceux qui touchent le smic, soit 1 539,42 euros brut par mois. Des rémunérations remboursées par l’Etat. Au total 7,8 millions de salariés bénéficiaient encore de ce dispositif en mai, selon le ministère du Travail. Dispositif qui a évolué depuis le 1er juillet vers un retour progressif à la normale.
Année blanche
Sans chômage partiel technique, ces professionnels sont aux abois. Certains perçoivent encore des indemnités chômage qui arrivent à échéance. D’autres bénéficient du RSA, le revenu de solidarité active, soit quelque 550 euros par mois pour une personne seule. La nouvelle règlementation sur l’assurance chômage applicable au 1er septembre, inquiète. « Avec la nouvelle loi sur le chômage, il faut avoir travaillé 910 heures pour bénéficier d’un renouvellement des droits. Mais, il n’y a pas été possible de travailler. Et cela ne le sera pas avant, peut-être, mai 2021 », explique Camille Perrière. « Il y a des touristes en France, mais cela ne suffira pas parce que 80% des guides travaillent en langue étrangère, les étrangers ne vont pas être nombreux à venir. Quand on parle aux guides, ils vous disent : "j’ai plus rien" ou "je ne vais plus rien avoir dans deux, trois mois". J’ai même entendu une personne dire qu’elle est partie chez ses parents parce qu’elle ne pouvait pas payer son loyer ! C’est pour cela qu’on manifeste pour faire pression pour obtenir une année blanche. »
« Je suis en colère », dit Cécile, une guide-conférencière de 41 ans qui s’est mobilisée à Paris. Pour le moment, elle touche des indemnités chômage, mais arrive en fin de droits. Sa principale agence, qu’elle souhaite ne pas nommer, lui a refusé le chômage partiel : « Je comprends le manque de trésorerie. C’est sûr que ce n’est pas évident de payer tous les salaires, mais l’Etat donne des millions d’euros pour aider les entreprises et les entreprises ne jouent pas le jeu. Ce n’est pas normal. J’ai des collègues qui sont au RSA et sont âgés de 50 ans, allez chercher du travail là en pleine récession économique ! Il y a énormément de gens comme nous, tous les gens de l’événementiel, de la culture, tous ceux qui sont intermittents de fait puisque nous travaillons tous en discontinu tout le temps. »
Demande de l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage
Les employés du secteur sont actuellement en négociation avec ces agences récalcitrantes. C’est pourquoi ils jouent la discrétion. L’action de la FMITEC était « symbolique, destinée à montrer qu’on existe, que ces métiers sont importants pour l’économie d’une ville », défend Barbara Fronda. « A chaque fois qu’il y a un congrès par exemple, qui peut rassembler de 50 personnes à 100 000 personnes, on génère un mouvement, des gens viennent et achètent. Il faut nous aider ».
La Fédération, à l’instar d’autres organisations de défense des métiers du tourisme, de l’événementiel et de la culture, demande l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage applicable au 1er septembre 2020. Elle plaide également pour la prolongation des droits Pôle emploi jusqu’en avril 2021, comme pour les intermittents du spectacle, et l’extension du fond de solidarité aux métiers auto-entrepreneurs et sa prolongation jusqu’en avril 2021.
Les quasi invisibles bien en vue
Les représentants des professionnels du tourisme n’ont pas dit leur dernier mot. De nouvelles actions, des "flashmob" comme ils les appellent, continueront, devant l’Assemblée nationale, le musée d’Orsay, la Tour Eiffel, ou encore la pyramide du Louvre, à l’appel des syndicats du secteurs.
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16 juillet 2020
Le tunnel sous la Manche paré pour le Brexit
Grande voie de trafic ferroviaire, le tunnel sous la Manche représente un quart des échanges commerciaux entre l'Europe et le Royaume-Uni. 26 millions de tonnes de marchandises d'une valeur de 140 milliards d'euros y circulent librement chaque année. Un lien vital menacé par le Brexit. Aussi Eurotunnel, une filiale du groupe Getlink, a investi 30 millions d'euros pour se parer au pire. Reportage Ariane Gaffuri.
Vidéo : Salon du chocolat 2019 à Paris
Le Salon du chocolat fête ses 25 ans cette année 2019. Plus de 100 000 visiteurs sont attendus pendant cinq jours, porte de Versailles à Paris. Quelque 500 exposants venus de 60 pays vont présenter leurs produits, dont les petits artisans chocolatiers qui tentent de se faire une place dans un monde dominé par les grands groupes.
Reportage Ariane GAFFURI
04 mars 2020
Vidéo : La Music Band de St-Louis de Poissy Paris -Versailles 2019
Paris Versailles 2019 musique Poissy
Le Music Band de la Saint-Louis-de-Poissy anime la course du Paris Versailles 2019Ecoutez Nourdine DJAHIECHE directeur et chef d'orchestre nous en parler.
Reportage Ariane GAFFURI
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02 mars 2020
Vidéo : Londres: lumières artificielles et plantations hors-sol, les tendances de l’agriculture urbaine
Agriculture Hors sol
La popularité de l’agriculture urbaine remonte au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Elle est née dans un contexte de lourdes pénuries et était alors un mode de subsistance pour les citadins.Avec l’industrialisation, les espaces cultivables ont rétréci, mais aujourd’hui les fermes urbaines sont en plein essor. Exemple à Londres où on cultive à ciel ouvert mais aussi sous terre !Reportage d'Ariane Gaffuri.
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