Wislawa Szymborska s'est éteinte aux premiers jours de février à Cracovie, à l'âge de 88 ans.
Cette grande figure de la poésie polonaise, prix Nobel de littérature en 1996, est née en 1921 près de Poznan, mais c’est à Cracovie qu’elle entreprend des études de lettres et de sociologie, avant de publier ses premiers poèmes.
Elle est un temps critique littéraire et traductrice, notamment de la poésie française du Moyen-âge. Mais c'est par son attachement à la poésie qu'elle se fait connaître. Elle n'écrit qu’une vingtaine de recueils, qui, de l’avis de ses admirateurs, traduisent une richesse intérieure et un grand talent pour décrire les émotions humaines, l’intensité dramatique ; le reflet d'une vie mise à l'épreuve, celle de la guerre et des régimes totalitaires.
Modeste, adepte de la dérision, Wislawa Szymborska, évoque la «tragédie» du prix Nobel et conclut son discours par un simple «je ne sais pas»...
Poème de Wislawa Szymborska Jamais deux fois (1957)
Jamais rien n’arrive deux fois,
jamais rien ne se reproduit,
nous sommes nés sans bon usage
et sans routine mourrons surpris.
Serions-nous cancres les plus sots
à l’école de l’univers,
jamais nous ne redoublerons
aucun été aucun hiver.
Pas un des jours ne se répète
pas une nuit pareille à l’autre,
ni deux baisers tout identiques,
ni deux regards de l’un à l’autre.
Hier quand j’entendis quelqu’un
dire ton nom à haute voix,
ce fut pour moi comme une rose
par la croisée tombant sur moi.
Aujourd’hui nous étions deux,
mais j’ai collé ma face au mur.
Rose? A quoi ressemble une rose?
Est-ce une fleur ou une pierre dure?
Et pourquoi donc, heure mauvaise,
à ces peurs vaines te mêles-tu?
Tu es là et dois passer,
ce sera beau de n’être plus.
Dans nos sourires enlacés,
nous cherchons une entente sûre,
malgré nos grandes différences
ainsi que deux gouttes d’eau pure.
10 février 2012
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